La 18e édition du Printemps des Poètes qui s'est déroulée sur le site du Mont-Gros à Nice Côte d’Azur, a permis à de jeunes artistes venus de différentes écoles d’exposer leur œuvre afin de contribuer, grâce à leur travail, à ce subtil mariage d’art de science et de poésie.
Cédric Jacob aux côtés des élèves de la Villa ArsonClémence Joly - Quentin Vintousky - Arnaud Grapain - Julie Kieffer - Lea Roch - Lola Drubigny |
C’est le cas de Julie KIEFFER, élève à la Villa Arson qui a exposé durant toute la durée de cet événement l’une de ses pièces appelée « Horizons ».
L’artiste a bien voulu nous en dire plus sur son travail, ses démarches et sur sa façon de définir ce lien qui pourrait unir Art, Science et Poésie.
Pour elle, le lien entre ces 3 domaines est une question de dosage « Je pense que tout peut se mêler avec le dosage que chacun perçoit. Il y a différente pratique d’artistes, certains utilisent l’écriture et se rapprochent de la poésie, d’autres les mathématiques mais ne sont pas des mathématiciens. Beaucoup utilisent le mot cosmos, mais il peut amener à l’abstrait, c’est ici plus dans l’image.
C’est une question de dosage. C’est ce dosage qui fait vibrer une pratique et qui ainsi suscite la curiosité du spectateur. »
En pratique, notre jeune artiste conçoit essentiellement des installations qui lient un espace réel et un espace rapporté.
Elle appelle cet espace rapporté une image.
« Ces images convoquent le paysage, la construction d’édifices et la sphère domestique. Je m’approche souvent du jardin car je le place entre le paysage et la construction, par son échelle et son côté modelable.
L’espace architectural dans lequel prennent place ces installations est très important pour moi, il me sert de cadre et de fond : l’installation est à mes yeux le fragment d’un environnement plus vaste et fictif, mais qui repose sur l’architecture réelle. Le sol et le mur ne sont pas de simples supports inertes, mais des surfaces fertiles à partir desquelles mes installations croissent. Je ne parle pas de vide à l’intérieur de mes installations, mais d’air qui flotte, qui circule, en mouvement.
Je considère mon corps comme une caisse de résonance à travers laquelle je ressens l’espace et sa profondeur autour de moi, ou comme une sorte de belvédère à partir duquel je construis le point de vue où l’installation aura les proportions les plus satisfaisantes : celles où je réussis à intégrer des ruptures d’échelle dans un point de vue unique. La perspective, au sens pictural, est une notion importante pour moi, même si je ne l’envisage pas de manière classique. Je travaille par strates, par couches, en partant du sol ou du mur comme base et en superposant des plans ou des scènes. Mes compositions, bien que se déployant en volume, peuvent être perçues comme des images, du fait d’un mouvement d’aplatissement qui les structure. Un peu comme un bas relief, que l’on verrait de côté.
Je travaille avec des objets récupérés ou fabriqués, que j’agence par touches en tenant compte de leur facture : la finesse du ponçage du bois, la rugosité du parpaing, les couleurs des matériaux synthétiques, la mollesse des tissus… Les objets ne sont pas fixés ou ancrés mais ils sont posés, dans un état d’équilibre instable qui suggère d’autres manipulations, d’autres agencements possibles.
Je travaille toujours en faisant des allées et venues entre le volume, le dessin et la photographie pour structurer la composition. On peut assimiler cette approche à celle d’un peintre et parler de mouvements optiques que j’opère : tantôt l’œil vibre par l’abondance d’informations visuelles (effets de texture complexes, jeux d’ombres et de reflets, juxtaposition de couleurs et de formes), tantôt l’œil se pose sur des aplats (grandes surfaces lisses, couleurs monochromes). Il s’agit de jouer sur un différentiel d’intensité entre les éléments de mon installation.
On pourrait comparer ces installations à des natures mortes. La présence, parfois, de plantes vertes dans mes installations, en est comme l’indice le plus évident. Mais je n’oppose pas des objets inertes et des organismes vivants : ce sont pour moi plutôt différents rythmes de vie : objets au ralenti, objets à la croissance rapide, qui s’érodent, qui fanent ou qui se désagrègent. Ce que je cherche finalement, c’est une transposition plastique du vivant. »
Dimanche 20 mars 2016 a été l’ultime occasion de venir observer son installation sur le site du Mont-Gros.