C’est un lieu où l’expression « un froid polaire » prend tout son sens. Par des températures pouvant avoisiner -80°C, le télescope ASTEP poursuit inlassablement ses observations, à la recherche d’exoplanètes aux températures douces. Sa monture, conçue, assemblée et testée au laboratoire Lagrange à Nice en collaboration avec l’entreprise Optique & Vision, vient de fêter son premier milieu d’hiver sur la base Concordia, au milieu du continent Antarctique, à 3200 mètres d’altitude. C’est le moment où le soleil est le plus bas. Il ne s’est pas montré depuis le 5 mai et ne reviendra pas avant le 13 août. Les températures ont progressivement chuté, de -30°C pendant l’été, elles descendent en dessous de -70°C depuis début avril.
Et pourtant elle tourne, inlassablement elle observe des étoiles suspectées d’abriter des planètes qu’on détecte par la méthode des transits : une détection de la diminution du flux de l'étoile lorsque la planète passe devant. La nuit continue permet la détection de transits très longs, certains de plus de 10 heures, ce qui n’est pas possible depuis des observatoires traditionnels. Le 3 juin 2024, elle a confirmé le transit d’une planète de 340 jours de période, transit qui était impossible à voir depuis d’autres latitudes !
Plutôt que d’utiliser une vis sans fin et des rouages comme une monture classique, la nouvelle monture ASTEP est à entraînement direct, c’est à dire que deux moteurs entrainent directement les deux axes. Ceci lui permet d’être plus de dix fois plus rapide et beaucoup plus précise pour suivre les étoiles. La courbe ci-dessous montre que même dans des conditions de vent relativement forts pour le plateau Antarctique (8 m/s, soit 30 km/h) la monture arrive à avoir une précision de pointage de l’ordre d’une seconde d’arc. Sachant que cela correspond à l’angle que fait une pièce de 1 euro vue à 5 km de distance, on peut apprécier la difficulté de l’exercice !
ASTEP va ainsi continuer ainsi son travail de découverte et de suivi des exoplanètes en transit, pour cette année, jusqu’à la fin de la saison d’observation autour du 10 octobre. Une centaine de tours encore pour la monture ASTEP.
Le travail sur la monture ASTEP a été rendu possible grâce aux contributions de l’Observatoire de la Côte d’Azur, de l’Université de Birmingham, de l’European Space Agency, de l'Institut Polaire Français et du PNRA, avec le soutien du STFC, de l’ESA et de l’INSU.
Article: Tristan Guillot et l'équipe ASTEP