Le 13 juillet 2024, à 4h02, l'instrument ECLAIRs du satellite franco-chinois SVOM, qui vient d'être lancé, a détecté un sursaut gamma qu'il a lui-même localisé automatiquement. Cependant la position n'a pu être transmise qu'avec un retard, la mission étant en phase de commissioning.
Cet événement, appelé GRB 240713A, serait lié à l'effondrement d'une étoile massive. L'annonce, publiée 7 heures après l’événement, a conduit à une série d'observations par les télescopes au sol, afin de détecter et d'étudier la signature rémanente en lumière visible. Ainsi, l'équipe du réseau de télescopes automatiques TAROT (Télescopes à Action Rapide pour les Objets Transitoires), constituée de Sarah Antier, astronome, et Michel Boër, directeur de recherche CNRS, pour le laboratoire Artemis (Observatoire dela Côte d'Azur - Univerité Côte d'Azur - CNRS) et d'Alain Klotz (Université Paul Sabatier et IRAP, Toulouse), a immédiatement envoyé des requètes d'observation sur l'instrument TAROT situé à l'Observatoire Européen Austral (ESO) de La Silla au Chili, alors que la nuit finissait.
Une triple adrénaline : la nuit qui se mourrait, la brillance de l'événement qui diminuait, l'abstraction du moment, qui peut laisser perplexe un entourage non informé. Une prise de données sans encombre a été effectuée grâce à un ciel clément et un télescope à l'écoute. En effet, l'important travail réalisé par Christophe Limonta, Direction des Systèmes d'Information de l'Observatoire de la Côte d'Azur, a permis de maintenir en permanence la communication avec le télescope. Par ailleurs, Salomé Gervanosi veille quotidiennement au bon fonctionnement des systèmes de contrôle autonome du réseau TAROT, ce qui a également largement contribué à la réussite de ces observations.
Défi relevé ! Une première observation par TAROT le jour même à 12h23, soit 1 heure après l'annonce, et présentée sur l'image ci-dessous. Le cercle représente l'incertitude sur la position de l'événement. Trouver une nouvelle source, faible et déclinante, revient à chercher une aiguille dans une botte de foin. L'équipe d'astreinte de la collaboration GRANDMA, dont TAROT est partenaire, a pris immédiatement le relais sur l'analyse d'images et a orchestré une série d'observations supplémentaires au Brésil, en Thailande et en Egypte. Malheureusement le décalage temporel entre l'événement et l'alerte n'a pas permis de détecter de nouvelle source en lumière visible. La luminosité des sursauts gamma décroît très rapidement après l'explosion, ce qui montre la nécessité d'avoir un réseau d'alertes très rapide et des instruments automatiques pour la prise de vues.
Image prise par TAROT au Chili le 13 juillet 2024. A l'intérieur du cercle vert, se situe GRB 240713A.
Tout ce travail laisse présager un avenir prometteur. Depuis 25 ans, le réseau TAROT a déjà traqué plus de 200 sursauts gamma, et a permis d'en détecter plusieurs dizaines, souvent situés à des milliards d'années lumières de la Terre. Depuis quelques mois, l'Observatoire de la Côte d'Azur a rejoint le partenariat existant entre le CNES et le CNRS pour assurer le maintien en conditions opérationnelles des télescopes TAROT. Avec ce renouveau, il est certain que TAROT continuera à atteindre ses objectifs, avec l'ambition de toujours réduire le délai de détection post-sursaut gamma à 30 secondes, ce qui a déjà été réalisé avec les satellites HETE, Compton-GRO et Swift.