Des chercheurs et ingénieurs de plusieurs laboratoires en France (Géoazur, Géosciences Rennes, EDYCO-CHIMAR, Géosciences Environnement Toulouse, Laboratoire d'Océanographie de Villefranche), en Équateur (Escuela Politécnica Nacional, ESPOL, INOCAR) et en Colombie (Universidades de Bogota, de Cali y de Baranquilla) sont partis sur le navire océanographique Pourquoi Pas ? pour une campagne océanographique du 8 janvier 2023 au 21 février 2024.
Cette campagne nommée SUPER (SUb-surface imaging of the Pedernales Rupture zone) associée à la campagne MOUV fait suite à la campagne HIPER (High resolution Imaging of the Pedernales Rupture zone) sur la subduction Nord Andine dans le cadre de l’ANR Fluid2Slip.
Les côtes équatoriennes et colombiennes ont été frappées par plusieurs séismes de magnitude supérieure à 7.5 au cours du 20ième siècle. C’est près de la ville de Pedernales, qu’un tremblement de terre de magnitude 7,8 a eu lieu en avril 2016. Il s'agit du tremblement de terre le plus puissant qui ait touché l'Équateur depuis 70 ans, faisant des centaines de victimes et entraînant des pertes économiques supérieures de plusieurs centaines de millions de dollars.
En 2016, une équipe internationale (Équateur, France, États-Unis et Royaume-Uni) a été déployée dans la zone touchée immédiatement après le tremblement de terre, afin de mettre en place un réseau de sismomètres sur terre et au fond de la mer. Les données sismiques recueillies ont complété les données sismiques et géodésiques collectées par le service géologique national de l'Équateur et ont révélé le comportement de glissement complexe de cette partie de la zone de subduction de l'Équateur. La partie peu profonde de la mégafaille est caractérisée par des séismes à glissement lent qui peuvent durer de quelques jours à quelques mois et ne génèrent pas d'ondes sismiques (rupture asismique) donc ne sont pas ressentis par la population. Ce qui contrôlent ces événements de glissement est encore mal compris, alors qu’ils jouent un rôle important dans le cycle sismique qui régit le chargement et le relâchement périodiques de la mégafaille. Dans cette région, ils sont exceptionnellement peu profonds et peuvent être étudiés plus facilement que dans d'autres zones de subduction.
L'objectif de l’ANR Fluid2Slip est de comprendre comment la structure, la température et les fluides affectent le comportement de glissement et la transition d'une rupture sismique à une rupture asismique.
Alors que la campagne HIPER a permis de mettre en place un réseau dense de sismomètres à terre et en mer pour connaître la structure et imager la présence de fluides en profondeur, la campagne SUPER-MOUV va se concentrer sur les structures et la présence des fluides en sub-surface et leur manifestation dans colonne d’eau avec des acquisitions d’imagerie sismique haute résolution, des mesures de température, des prélèvements de sédiments (carottes) avec la mesure de leur propriétés géomécaniques et des prélèvements de fluides. C’est grâce au sous-marin Nautile que les fluides et des échantillons de roches pourront être prélevés au fond de océans.
Le travail conjoint de géologues, géophysiciens et géochimistes va permettre de mieux comprendre la circulation de ces fluides dans le système subduction. De plus, une biologiste est à bord pour étudier le rôle de ces fluides sur l’activité biologique.
Grâce au réseau Edumed de Géoazur, et à l’embarquement d’une enseignante de l’Education Nationale, 57 établissements scolaires (collèges et lycées) en France et à l’étranger vont suivre la campagne avec notamment des énigmes à résoudre.
Légende de la carte:
La campagne SUPER-MOUV : Le Leg1 a permis d’acquérir des données de sismique haute résolution et de bathymétrie (lignes bleu foncé). Suite à la situation politique en Equateur, le Leg2, dédié à la réalisation des profils Penfed (traits bleu clair) a dû être abandonné. Le leg3 est consacré aux plongées du Nautile (traits blancs). Des carottages (points blancs) et des mesures de flux de chaleur (points mauves) ont été réalisés tout au long de cette campagne.
Les étoiles noires représentent les épicentres des séismes passés de magnitude supérieure à 7.5, notamment le séisme de Pedernales qui a eu lieu en 2016 (Mw 7.6) dont le contour rouge représente la zone de rupture et l’étoile rouge son épicentre. Les contours rose représentent les zones de glissement asismique qui ont suivi ce séisme.
Contacts Géoazur :
François Michaud
Michaud@geoazur.unice.fr
Audrey Galve
galve@geoazur.unice.fr
Financements : ANR-21-CE49-0012 Fluid2Slip, Observatoire Côte d’Azur, Fond Mutualisé d’Accompagnements des Campagnes à la mer, Initiative d’Excellence d’Université Côte d’Azur ANR-15-IDEX-01 (France 2030), Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
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